SAINTE THECLE 
de Roubaix 
(IXe siècle). 
 
 

05/03 - 20/02


 
 
A l'époque où les Normands exerçaient leurs ravages et portaient en tous lieux le pillage et l'incendie, vivait à Roubaix la pieuse et bienheureuse Thècle. Ce sont les titres que lui donne Cousin dans son "Histoire de Tournai" et que répète après lui Raissius dans son "Auctuaire des Vies des Saints belges", par Molanus. Cette dame était aussi distinguée par sa naissance et ses richesses que par ses éclatantes vertus et les oeuvres de piété et de charité qu'elle pratiquait sans cesse. Sa conduite paraissait d'autant plus admirable, qu'elle vivait ainsi parmi des concitoyens retombés pour la plupart dans leurs anciennes erreurs et dans toutes les superstitions du paganisme. 

Dieu, dans sa miséricorde, voulut récompenser la pieuse Thècle de sa fidélité à la religion, et la guérir en même temps d'une manière extraordinaire de la cécité, qu'elle supportait avec une inébranlable patience depuis plusieurs années. Une nuit donc, pendant son sommeil, elle vit paraître en sa présence un vénérable vieillard, d'un port majeustueux et d'une douce gravité. Ses cheveux étaient blancs, et les ornements dont il était revêtu d'une couleur semblable et très-éclatante. Ce vieillard était l'évêque saint Eleuthère. Ayant appelé la vénérable Thècle par son nom, il lui ordonna de dire de sa part à Heidilon, évêque de Tournai et Noyon, d'aller à Blandain lever de terre ses reliques qu'il trouverait près de l'autel de Saint-Pierre. La vénérable Thècle, qui craignait quelque illusion, hésita d'abord et recourut à la prière pour connaître d'une manière certaine la volonté de Dieu. Le saint évêque lui apparut de nouveau une seconde et une troisième fois. Nedoutant plus alors des desseins du ciel, elle se fit conduire auprès de l'évêque Heidilon, à qui elle raconta fidèlement tout ce qui s'était passé. Le prélat reçut avec une grande joie cette communication, la fit connaître aux principaux membres de son clergé, et se disposa avec eux à lever de terre les reliques de son saint et vénérable prédécesseur. Ayant donc convonqué plusieurs prélats et abbés et une grande partie de son clergé, il se rendit avec eux au village de Blandain. Un grand nombre d'idolâtres qui habitaient Roubaix se rendirent aussi à Blandain pour assister à la cérémonie. Dieu permit que la pieuse Thècle y recouvrât la vue. D'autres guérisons extraordinaires furent aussi opérées en cette circonstance, comme le rapportent plusieurs graves auteurs. Cette cérémonie eut lieu un dimanche, 18 septembre, vers l'an 881. 

On ne sait rien de plus sur la vie de la pieuse Thècle. On voit seulement qu'elle obtint de l'évêque de Tournai quelques hommes apostoliques pour prêcher la foi à Roubaix et dans les environs, et y détruire le culte des idoles. C'était surtout sur une éminence au sud-est de la ville, et aujourd'hui connue sous le nom de Hameau de Barbieux, que les idolâtres se réunissaient pour adorer leurs fausses divinités. 
Cette sainte femme, après avoir rendu à toute la contrée les plus grands services par sa piété et ses vertus, reçut la sainte communion des mains de l'évêque Heidilon lui-même, et remit peu après son âme à son Créateur. Son corps fut inhumé à Blandain, dans l'église où avait été précédemment déposé celui de saint Eleuthère; mais dans la suite il fut transporté dans une chapelle de la même église.