SAINT ANTOINE
LE GRAND
 
 

30 janvier / 17 janvier


 
 
Saint Antoine, la première fleur du désert, est né vers 250, dans le petit village de Coma, en Haute-Egypte. Ses parents,nobles et riches Chrétiens, l'élevèrent dans la Foi et la crainte de Dieu. Ils se chargèrent eux-mêmes de l'éducation du jeune garçon. Il ne sortait de la maison que pour se rendre à l'église, où il suivait avec attention la lecture des Livres Saints et le récit des exploits des Saints.
Vers l'âge de 20 ans, la mort de ses parents le laissa à la tête d'un gros héritage et seul responsable de l'éducation de sa jeune soeur. Un jour, comme il se rendait à l'église en méditant sur la vie des Apôtres et des premiers Chrétiens, il entendit la lecture de ces paroles de l'Evangile: "Si tu veux être parfait, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, puis viens et suis-moi" (Mat. 19:21). Comprennant que c'est à lui qu'elles s'adressaient, il alla partager sans retard toutes les terres qu'il possédait entre ses voisins, vendit ses meubles et en distribua le prix aux pauvres, ne gardant que le nécessaire pour installer sa soeur. Une autre fois, après avoir entendu lire les paroles: "Ne soyez pas en souci du lendemain" (Mat. 6:34), il décida de renoncer définitivement au monde, distribua le reste de ses biens, confia sa soeur à une personne vertueuse et quitta sa maison pour vivre en "ascète" (vie de prière, de jeûne, de charité, selon les paroles de l'Evangile)
Or, en ce temps-là, il n'existait pas encore de monastères comme de nos jours. On ne trouvait que quelques moines vivant en solitaires non loin de leur village, dans le jeûne et la prière. Un de ces anciens demeurait non loin de là. Antoine voulut l'imiter. Il s'installa lui aussi dans un lieu isolé, où, l'esprit libre de tout, il travaillait de ses mains, distribuait ses surplus aux pauvres, méditait les Livres Saints et s'efforçait de garder sans arrêt la prière en son coeur. Comme une abeille qui va de bonne fleur en bonne fleur pour en tirer le meilleur, à chaque fois qu'il entendait parler d'un autre moine vertueux, il se rendait auprès de lui, l'observait vivre et l'écoutait, et, une fois rentré dans sa cellule, il s'efforçait d'imiter lui-même toutes ces vertus.
Le démon, qui déteste les hommes, ne pouvant supporter de voir un si jeune homme vivre si bien, décida de partir en guerre contre lui. Et toute sa vie durant, cette véritable guerre continuera, et à chaque fois, par la puissance du Christ, Antoine sera vainqueur, quoique fasse le démon. Le Signe de Croix et la prière des Psaumes étaient la meilleure arme d'Antoine contre notre ennemi à tous : "Le Seigneur est mon secours, et je mépriserai tous mes ennemis" (Ps 117,7). Ilméditait chaque jour pour commencer les paroles du Prophète Elie: "Le Seigneur est vivant, et il faut que je paraisse aujourd'hui en Sa Présence" (1 Rois 18,5).
Et Antoine ne se contenta pas de laisser l'ennemi des hommes l'attaquer : il passa à la contre-offensive! Sachant que derrière les statues des idoles et dans les temples païens, c'étaient des démons qui se cachaient, et qu'ils empêchaient les gens d'aller vers Jésus-Christ pour être sauvés, Antoine décida d'aller s'installer en de tels endroits, et de les purifier du mal qui s'y trouvait. Les démons, impuissants, en étaient réduits à grincer des dents de rage. Le Seigneur Jésus-Christ venait toujours à son secours. Antoine, alors âgé de 35 ans, se trouva animé d'une très grande ferveur après ces combats et décida de s'enfoncer seul dans le désert. Il parvint sur la rive orientale du Nil, trouva sur la montagne un vieux château abandonné et, après avoir chassé les reptiles qui l'habitaient, il s'y installa dans la plus complète solitude, en interdisant l'entrée à quiconque. Il passa ainsi 20 années dans cette retraite, où, de 6 mois en 6 mois, un ami, venait lui jeter du pain par dessus la muraille. Nombreux étaient cependant ceux qui, attirés par sa réputation, venaient jusque-là. Ils restaient au-dehors. Un jour, dans l'excès de leur ferveur, ses admirateurs forcèrent la porte et virent Antoine leur apparaître éclatant, comme Moïse après avoir parlé avec Dieu (Exode 34,29), et l'aspect inchangé après 20 ans, malgré tous ses jeûnes.
Il accepta dès lors de recevoir des disciples en nombre sans cesse grandissant. Il fonda 2 monastères: l'un à l'est du Nil, à Pispir, l'autre sur la rive gauche, non loin d'Arsinoé. Le coeur apaisé et l'intelligence ancrée en Dieu, Saint Antoine avait le pouvoir de réconcilier les ennemis par sa seule présence, de faire régner autour de lui la charité entre les hommes et de guérir les malades par sa prière. Inspiré par le Saint Esprit, il instruisait ses moines dans la science spirituelle. Il leur recommandait de ne jamais se laisser décourager par les épreuves ou de se relâcher de leur première ferveur, mais au contraire de la faire grandir de jour en jour. Il disait: "Efforçons-nous de ne rien posséder que ce que nous emporterons avec nous dans le tombeau: à savoir la charité, la douceur, la justice etc.. La vertu, c'est-à-dire le Royaume des Cieux, n'a besoin que de notre volonté, car elle se trouve en nous-mêmes. Elle ne consiste en rien d'autre, en effet, qu'à conserver la partie spirituelle de notre âme dans la pureté et la beauté dans lesquelles elle a été créée".
"En surveillant notre coeur contre les mauvaises pensées, contre les passions et contre la colère, nous pourrons résister aux assauts des démons qui nous entourent et entreprennent tout dans le but d'empêcher les Chrétiens de monter au Ciel et d'occuper les places d'où ils ont été chassés à cause de leur orgueil et de leur révolte. C'est seulement au prix d'une vie d'ascète intense et de beaucoup de prière que nous pourrons recevoir du Saint-Esprit le don de connaître les esprits, afin de déjouer leurs ruses. Ils nous attaquent d'abord par les mauvaises pensées, puis, si nous les avons repoussés par la foi, le jeûne et la prière, ils reviennent à l'assaut par des imaginations diverses, dans l'espoir de nous faire peur". C'est par la puissance du Christ que tous seront repoussés, si on vit en Christ, nous enseigne Antoine, par sa longue expérience de vie. Parce que Jésus nous a dit que nous ne devions pas avoir peur, parce qu'Il avait lui, Dieu, vaincu l'esprit de ce monde. (Jean 16,33). C'est par le jeûne et la prière (Marc 9,29), la charité et l'humilité, qu'ils sont battus. Et, dit Antoine, il ne faut pas s'en inquièter, car "Toutes ces épreuves vous sont en fait profitables. Supprimez la tentation, et personne ne sera sauvé". Sous l'influence de Saint Antoine le désert devint une véritable ville, peuplée de quantités de moines qui avaient renoncé au monde. En ce temps-là, l'empereur romain Maximin ralluma en Egypte le feu de la persécution et faisait couler à flot le sang dans la ville d'Alexandrie (311). Antoine, voulant s'offrir en martyr, se rendit à Alexandrie et se mit au service des confesseurs, les visitant dans leurs prisons et dans les mines, et les encourageant. Mais il ne fut pas arrêté et rentra dans son monastère.
Quoique restant là il continuait d'accomplir des miracles et les visiteurs ne cessaient d'affluer. C'est pourquoi il décida de se retirer seul dans un désert plus profond. Il se joignit à une caravane de Sarrasins et parvint à pied jusqu'au mont Colzim (aujourd'hui Mont Saint-Antoine), situé vers la mer Rouge. Au bout de plusieurs années,Antoine, déjà vieux, accepta de revisiter ses disciples à Pispir. Grande fut la joie à l'arrivée de l'Homme-de-Dieu. Une grande foule le suivit lorsqu'il regagna sa montagne: les uns demandaient la guérison des maladies du corps, d'autres venaient pour recevoir réconfort et instruction de l'âme; le Saint donnait à tous selon leur besoin, comme Dieu Lui-même. Il ne rompait le silence qu'après avoir reçu une inspiration du Saint-Esprit, et il parlait alors en employant les paroles de la Sainte Ecriture, comme s'il en était lui-même l'auteur. Il pouvait dire avec confiance: "Moi je ne crains plus Dieu, mais je l'aime. Car l'amour parfait chasse la crainte".
C'est pourquoi, dans ses enseignements, il insistait surtout sur la charité fraternelle et la purification du coeur. Il disait encore: "C'est du prochain que dépendent la vie et la mort. En effet, si nous gagnons notre frère, c'est Dieu que nous gagnons, mais si nous sommes pour notre frère occasion de péché, c'est contre le Christ que nous péchons". Père plein de compassion, ses disciples pouvaient se divertir quand nécessaire, et il leur enseignait qu'il fallait alterner la prière pure, le chant des Psaumes et le travail manuel afin de lutter contre l'ennui. Des philosophes païens, enflés d'orgueil par leur fausse science, vinrent pour se moquer de cet illettré dont toute l'Egypte parlait. En peu de mots l'Homme-de-Dieu démontra leurs erreurs. Il leur montra comment la sagesse de ce monde a été rendue folle par la folie de la Croix, leur démontra la stupidité de leurs mythes qui abaissent Dieu à la ressemblance d'animaux ou d'objets fabriqués, alors que la doctrine du Christ élève l'homme à la communion avec la nature divine, et leur fit reconnaître que ce que les Chrétiens connaissent par la Foi et la puissance de l'expérience vécue, eux essayent vainement de l'atteindre par les discours et les raisonnements. Il acheva sa victoire en délivrant des possédés par la puissance du Christ et renvoya ses visiteurs tout honteux. Agé de 105 ans, il remit paisiblement son âme à Dieu. C'était le 17 janvier 356. La réputation du Père des moines s'étendit aux extrémités de toute la terre et, depuis des siècles, sa biographie, écrite avec amour par Saint Athanase, Pape d'Alexandrie, offre aux âmes éprises de Dieu un bon modèle à suivre pour parvenir à la perfection de la vie Chrétienne. Le corps de Saint Antoine fut découvert à la suite d'une révélation, en 561, et transféré à Alexandrie. Vers 635, sous la menace de l'invasion arabe, il fut transporté à Constantinople et, vers 1050, un seigneur du Dauphiné apporta une partie de ses Reliques en France (Saint-Antoine en Dauphiné), où elles devinrent l'objet d'un célèbre pèlerinage.