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Paul I
Empereur de Russie

Né le 1er octobre 1754
Mort le 12 mars 1801

Règne de 1796 à 1801
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Lorsque la Grande Catherine meurt soudainement le 6 novembre 1796, elle ne laisse aucun testament officiel désignant son héritier légitime. Depuis Pierre Ier le Grand, les empereurs ou impératrices de Russie peuvent désigner clairement leur successeur sans tenir compte de la filiation directe.

Les proches de Catherine savent, depuis la venue au monde de son premier petit-fils Alexandre, qu'elle souhaite privilégier celui-ci par rapport à son fils unique Paul qu'elle n'a pu élever elle-même. 

Elle devient alors une grand-mère attentive, se chargeant de l'éducation d'Alexandre puis de son frère Constantin, de leur instruction générale et de leur formation intellectuelle, notamment par le suisse républicain Frédéric-César Laharpe, souhaitant faire de ces futurs dirigeants de la Russie des hommes éclairés.


Pierre III et Catherine
©DR

 

 
 
Le tsar Paul I
 
 
 
 
 
 
La tsarine
Maria Fiodorovna
 
 

 

Enlevé à sa mère par sa grand-tante, l'impératrice Elisabeta Petrovna, Paul Petrovitch avait sept ans lorsque mourut son père, vraisemblablement tué par un des chefs de l'insurrection (Alexis Orlov) ayant amené Catherine au pouvoir.

Persuadé, qu'il est bien le fils de Pierre III (malgré des doutes sérieux quant aux facultés de procréation de son père) il n'aura de cesse de le venger en détruisant tout ce que sa mère a édifié. 
Il destitue de leurs fonctions les protégés de la cour de Catherine et a contrario, rappelle ceux qu'elle avait bannis. Malgré son admiration sans borne pour son arrière-grand-père Pierre le Grand, deux jours après son couronnement, il rétablit le 7 avril 1797, la primogéniture mâle dans l'ordre de succession. 

Ses contemporains le décrivent dans sa jeunesse comme étant sujet à la "mélancolie" bien que d'un esprit aigü et de grande culture. 
A la mort de sa mère il a 42 ans  et déjà les qualificatifs ne sont plus si élogieux : 
"Une vanité démesurée. De la susceptibilité, de brusques accès de rage et de colère,de la suspicion. Confiant envers les délateurs [...] mais une inaptitude à s'attacher longtemps à quiconque."

Frédéric II, le recevant à Berlin où le futur tsar est venu rencontrer sa seconde épouse Sophie-Dorothée de Wurtemberg (devenu Maria Fiodorovna),  le juge ainsi :
" Il se montra altier, haut et violent, ce qui fit craindre à ceux qui connaissaient la Russie qu'il ne lui fût difficile de se maintenir sur le trône où [...] il risque de subir un sort semblable à celui de son malheureux père."

La tsarine lui donnera dix enfants dont trois seront tsars. 
Ci-dessous, de gauche à droite : Alexandre Ier, Constantin (qui abdiquera aussitôt) et Nicolas Ier.
 


 
L' empereur, fasciné par l'art militaire prussien, établit dans son domaine de Gatchina, une garde personnelle d'élite (2399 soldats et 138 officiers)  qui doit servir d'exemple à toute l'armée russe.

Ne supportant pas le moindre laisser-aller lui rappelant les moeurs libérales de la révolution française qu'il a fini par haïr, il interdit par oukase la valse qui lui semble être une dépravation française, le port des chapeaux ronds, des bottes à revers et des pantalons courts. Il  bannit du langage les mots "citoyens, clubs, société" et bien sur "révolution", même celle des astres. 
Il établit une censure tant laïque que cléricale. 

Principal artisan de la IIème coalition contre la France républicaine, il est cependant rassuré par l'ascension de Napoléon et, devenu ennemi des anglais, il veut les surprendre sur un territoire où ils ne l'attendent pas : il envoie les cosaques du Don envahir l'Inde. Heureusement sa mort arrêtera in extrémis cette folle expédition.


 
Chateau de la Gatchina

 
Tout ne fut pas outrancier dans le règne de Paul Ier : durant la première période de son règne, il tente de limiter le temps de travail des serfs à trois jours pour leur maître et interdit le travail le dimanche et les jours de fêtes religieuses; il réduit le prix du sel et crée un fond d'approvisionnement, véritable banque de réserves alimentaires pour les périodes de famine; il fonde également la "Haute Ecole de Médecine". 

D'une puissance de travail frénétique à défaut d'être utile,  il publit, en moins de cinq ans de règne, 2179 oukazes ou décrets. Il déteste la noblesse et rétablit les châtiments corporels pour les nobles. Une phrase est restée célèbre et résume bien  l'opinion de ce souverain autocrate :

"N'est grand en Russie que celui à qui je parle 
et uniquement pendant que je lui parle."

Après un première tentative de complot organisée par l'ambassadeur d'Angleterre Lord Charles Whitworth, sa maîtresse Olga Gerebtsov, soeur de Platon Zoubov (dernier favori de Catherine II) et le vice-chancelier Nikita Panine, une seconde conjuration prend forme sous le contrôle du comte Pierre Alexéïevitch Pahlen.

Pahlen est gouverneur de Saint Pétersbourg et gagne rapidement la confiance de Paul. 
Il recrute pour son dessein le général Bennigsen et les frères Zoubov, revenus d'exil, qui lui confèrent l'appui des dragons Soumski. 

Il s'assure du soutien de Talyzine, commandant du régiment Préobrajenski et d'autres officiers supérieurs : ils seront cinquante en tout. Le premier problème à résoudre est la réticence d'Alexandre, le tsarévitch,  mais la soudaine toquade de Paul Ier pour un neveu de son épouse et ses projets d'en faire son héritier après l'avoir adopté, vont vaincre ses hésitations. Pahlen promet que le seul but est une abdication de Paul en sa faveur et qu'en aucun cas on n'attentera à la vie du tsar.

La nuit du 11 au 12 mars est  choisie car le régiment Semionovski sous le commandement d'Alexandre assure  la garde extérieure du chateau Michel, encore en construction, où Paul a décidé de résider. Les conjurés pénètrent tout d'abord dans un bibliothèque avant les appartement de l'empereur, puis dans la chambre à coucher où les officiers annoncent à Paul qu'il est arrêté. 

On ne sait exactement ce qui se passa dans les minutes qui suivirent mais selon les dires du général Bennigsen, un des frères Zoubov (Nicolas) aurait lancé une tabatière en or massif avec force et atteint le tsar à la tempe. Certains affirment qu'un des officiers de la Garde à cheval finit par l'étrangler avec une écharpe de commandement.

Lorsque Pahlen annonce la nouvelle au nouvel empereur celui s'effondre : il est parricide par procuration. 
Le comte  "le saisit alors rudement par le bras et lui dit :" Assez d'enfantillage! Allez régner! ".

Alexandre Pavlovitch
futur Alexandre 1er

 
 
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Histoires de la Russie



©Marie DERIGLAZOFF-2001à2010